jeudi 10 novembre 2011

Sortie de crise ?

Aujourd'hui, mercredi 09 novembre, l'inter-syndicale à l'origine du mouvement de contestation à Mayotte lance un appel en faveur de la suspension du mouvement de grève et donc de la levée (provisoire) des barrages. Ouf ! Cet appel intervient au 44ème jour de grève. Certes, depuis 2 semaines maintenant, face à la pression du peuple désireux de pouvoir se ravitailler et se nourrir enfin normalement, les barrages étaient entr'ouverts le samedi afin de permettre à la population de se ravitailler. Malgré tout, la situation était tendue dès le lundi matin. Les barrages refleurissaient sans que l'on sache où ni à quelle heure ils allaient apparaitre. Des collègues pouvaient venir au travail le matin, et les barrages étant installés à 8 heures, ils ne pouvaient regagner leur foyer par la suite. D'autres fois, certains partaient de très bonne heure et se retrouvaient bloqués par des barrages installés à 1 heure du matin et surveillés. Inutile alors d'essayer de passer en se mettant en danger.
Durant les évènements, il semblerait qu'une vingtaine d'enseignants (25 d'après les chiffres que j'ai entendus) auraient été victimes d'agressions. la plupart en essayant de regagner leur domicile ou en essayant de forcer les barrages. Au collège, un des collègues a été victime de caillassage. Il a été blessé et est de retour après son arrêt de travail. Le vice-rectorat lui a proposé de rapatrier sa famille. Il demande à être muté dans un autre DOM-TOM afin d'éviter de casser son contrat. Le problème, maintenant que celui du ravitaillement est résolu par la levée des barrages le samedi, était celui de l'isolement. Nous nous sentions prisonniers dans notre village, sans réelle possibilité d'en bouger. Les collègues malades, ayant besoin de consulter ou de médicaments en ont fait l'expérience. Enfin, si le mouvement est suspendu, nous allons pouvoir retrouver une vie plus normale.
Des nouvelles de la météo maintenant. Ca y est, le chauffage monte en puissance depuis quelques temps. Cela devient réellement chaud et humide. Les Mahorais eux-même souffrent de la chaleur et de la moiteur. Il est difficile de rester au soleil dans l'après-midi. Cela dit, hier vers 17 heures, nous sommes allés nous baigner afin de nous rafraichir. La chaleur comporte quand-même quelques petits avantages. La température de l'eau varie tout au long de l'année entre 25 et 30°. Il n'empêche qu'en y entrant, je la trouve un peu fraîche. Mais on revient vite à la réalité : elle est bonne. Et dans ces moments là, je pense aux cheminées et aux chauffages en métropole... Ici, c'est ventilateur et clim. Et je vous assure que c'est  important en ce moment.
Allez, les news en photos, rubrique très réduite en ce moment du fait des difficultés de circulation. Cela va aller mieux si la fin du conflit se confirme.
Tout d'abord, le Mlauti Mlio.
Ce matin là, des bouénis installent des trépieds en face de chez moi. Elles font du feu et se mettent à cuire du manioc, du riz, des bananes, le tout en quantités impressionnantes. Bientôt, les hommes les rejoignent, enfin presque, ils ne se mélangent pas, s'installant à part, à une dizaine de mètres. Eux aussi équipés de gamelles, de trépieds et de bois. La cuisson de la viande est une affaire d'hommes. Eux prennent en charge la cuisson de la viande, utilisant des feuilles de bananier pour avoir la viande la plus tendre possible. Et les quantités de sodas qui circulent sont impressionnantes. Soda Star, fabriqué à Dubaï. Citron, mangue, ananas, cola, Star est présent dans toutes les petites boutiques de Mayotte en quantités impressionnantes, car les commerçants vont faire leur stock à Dubaï et entreposent ensuite leur marchandise jusqu'au plafond de leur réserve.
En fait cette cérémonie s'appelle Mauti Mlio ou Mliyo, au choix. Elle est organisée après la mort d'une personne et sert à "racheter" ses pêchés d'après les Mahorais. On peut l'organiser autant de fois qu'on le désire, en sachant qu'il y a une période pour cela dans l'année, et de la façon qu'on le désire. A cette occasion on doit nourrir tout le quartier, et même plus, en veillant à ce que les orphelins tout particulièrement mangent, quitte à les payer pour cela, ainsi que les animaux, considéré comme purs.
N'étant ni orphelin ni animal, j'ai été invité en tant que voisin. Et impossible de refuser ou de limiter l'avalanche de sodas, la part est la même pour tous. C'était sympa, cela permet de rencontrer des gens et de discuter.
Installation de la première partie de la cuisine


Arrivée d'un groupe de musiciennes

Et ambiance assurée...



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